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Chapitre 10

Vendredi 19 Octobre

Mon moral est en hausse, Sullivan m'a appelé pour discuter avant-hier, il a trouvé quelques bons arguments pour faire pencher la balance de son côté, puis de toute façon, qu'est-ce que j'ai à perdre maintenant ? Il m'a fait mal au cœur avec son insistance et sa voix de chien battu, et au moins ça occupera mes journées.

 

Erobie ne va plus tarder, elle a déjà dû rentrer, nous nous sommes appelés tous les jours pendant son absence et j'ai finalement décidé de lui raconter quelques détails de ce que je comptais faire maintenant, elle m'a proposé d'aller au yoga ce matin, j'ai passé trois jours à me goinfrer de sucreries et à regarder Netflix, cette journée me fera le plus grand bien. Je commence à repérer quelques bourrelets qui s'installent généreusement sur mon petit corps à ne rien faire de mes journées. Je suis excitée, je n'ai pas eu le temps de me faire beaucoup d'amis ici et les seuls que j'avais n'étaient que mes collègues, qui avec ses rumeurs m'ont tournés le dos. Je n'ai aucune nouvelle de Dori ou Nick ni même de Joy, je ne les pensais pas aussi influençables, certes on se connaît depuis peu, mais comment ont-ils pu croire un tel mensonge ? Et maintenant que tout le monde pense que je suis une trainée, je ne lirais pas plus d'amitié.

<< Ding >>


C'est elle ! Enfin ! J'étais en train de tourner comme un lion en cage, enfin une discussion autre qu'avec mon mug de chocolat chaud ! Elle me salue en passant son bras autour de mon cou puis en apposant un bisou délicat sur ma joue. Cette nouvelle couleur l'a met encore plus en valeur, elle est vraiment sublime.
 

- Tu as réussi à entrer sans code ?
- C'était ouvert oui.
- Personne ne pense à fermer cette foutue porte !
- Tu es tendue toi, le yoga va te faire du bien !
- Carrément !


J'ai ramassé mon sac de sport et nous avons pris le chemin le plus court, l'automne est bien là, les feuilles des arbres sont toutes tombées, avec la pluie elles se collent sur nos chaussures. Erobie rigole en me voyant galérer pour les retirer, faut dire que se servir des mains plutôt que de la pointe de mon autre pied serait plus simple, mais je n'aime pas la sensation des feuilles mouillées, ça me stresse. Elle me raconte rapidement son séjour chez sa mère, c'est la première fois qu'elle se livre un peu plus sur sa vie privée. C'est agréable, c'est qu'elle me fait confiance. Je pense.


En arrivant à la salle, il y a beaucoup de monde, je n'aime pas ça non-plus, j'ai toujours l'impression que les gens me regardent. Il ne reste qu'une cabine de disponible.


- Je t'en prie, j'irais après toi.
- La cabine est assez grande pour nous deux. On peut la partager ?
- Hum, euh ok.


Ce n'est pas que ça me dérange, mais je suis un peu pudique, je n'aime pas trop me montrer, grâce à la coloc, je le suis un peu moins, à force de voir tout le monde rentrer dans la salle de bain pendant que je prenais ma douche ça débride un peu. À en voir Erobie, se déshabillant sans même faire attention à mon regard, j'en conclus qu'elle et moi n'avons pas ce point commun. Bon sang, elle est vraiment belle, certaines personnes sont gâtées par la nature et elle en fait partie, sa tenue de sport est des plus sexy, je suis sûre que c'est le genre de fille qui peut tout porter, et même un sac-poubelle lui irait a merveille. Pendant ce temps, j'essaye de me déshabiller dans un petit coin de cabine cachant mes imperfections, elle sort en me faisant un sourire et je peux enfin finir d'enfiler mon legging plus que collant.


Le professeur est déjà là et la salle est remplie, il tape dans ses mains. Je suis contente que ça ne soit pas la dingue de la dernière fois. Le cours commence doucement.


- J'ai pensé toute la nuit à ton salaud de patron, je n'en reviens pas qu'il est monté une histoire pareille. Je le pensais vraiment dégueulasse, mais là on atteint des sommets !
- Ouais.
- Du coup tu m'as expliqué vaguement, ce que tu comptais faire, mais comment ? Comment tu vas t'y prendre, tu n'es plus avocate. Je suppose que tu as une mémoire or norme, mais tu ne vas jamais pouvoir te souvenir de tous les détails du dossier si ?
- J'ai encore mieux que ça, bon ma mémoire ne me fait pas encore défaut, mais j'ai eu une lueur de lucidité ce week-end, je commence à croire aux signes avec tout ça, du coup il est possible que j'aie scanné et imprimé le dossier de mon client sans m'en rendre compte.
- Sans t'en rendre compte ? Mais Susy c'est grave, tu sais ce que tu risques ?
- Oui, chut moins fort ! J'ai bien fait. Puis ce n'est pas comme si j'allais le montrer à tout le monde !
- Tu es sûr de toi Susy ? Parce que moi j'ai bien peur que tu ne te mettes dans la merde quand même.

 

- Je ne vois pas comment faire autrement Erobie ! Je fais d'une pierre deux coups, je sauve un innocent et je redore mon image. Je suis certaine de moi. Imagine je règle l'affaire, je pourrai trouver du travail sans soucis ou encore mieux devenir ma propre patronne !
- Ok.
- Ça ne te plait pas vraiment...
- Non j'ai peur que tu te mettes en danger. Avec tout ce que tu m'as raconté hier, je ne le sens pas. Toute seule en plus, franchement sur ce coup-là, je ne te soutiens pas saches-le.


Bon, je ne lui ai pas tout dit non plus. Je ne lui ai pas parlé de Sullivan. Après lui avoir tout dit hier soir, elle n’était déjà pas enjouée alors j'ai préféré m'abstenir plutôt que révéler mon entrevue avec un homme dans des ruelles sombre la nuit, pour faire tomber une nana qui est protégée par les plus grands.


Le cours terminé, nous rejoignons les cabines, quand je vois Erobie partir en courant, poussant presque une fille pour arriver à son but. Elle lève les bras comme une mannequin présentant un produit.


- Tada ! La cabine la plus grande et pour couronner le tout, la douche est à l'intérieur ! Ce n'est pas la classe ! Pour une fois qu'elle est libre !
- Oh !


Elle retire ses vêtements sans trop de soucis, j'essaye de ne pas regarder, mais je suis naturellement attirée par ses courbes généreuses. Je ne le dirai jamais assez, mais elle est vraiment superbe.


- Tu viens ?
- Je vais attendre que tu aies fini !
- Quoi ? Mais il y a assez de place, tu ne vas pas me regarder prendre une bonne douche chaude sans en profiter toi aussi ?
- Ok.
- Si ça te gêne promis je ne te regarde pas.


Je retire mes vêtements avant de me mettre dans un coin de la douche. Elle se frotte le dos, mon regard furtif sur son corps. Stop Susy. Stop.
 

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