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Chapitre 12

Vendredi 19 Octobre (suite)

Erobie se retrouve devant nous, habillée d'une petite chemise trouvée dans mon placard, en temps habituel quand je la porte, je boutonne tout en haut pour ne pas laisser apparaître mon corps, mais ceci dit comme ça c'est vraiment très sexy. Jamais je n'aurais pensé que Béa allait débarquer ce soir, si j'avais répondu à ses nombreux coups de fil peut-être que j'aurais pu aviser, bien fait pour moi. Béa observe Erobie de haut en bas. Je ne lui ai jamais parlé de mes penchants pour les filles, ou tout simplement pour elle. Je connais ce regard par coeur, elle n'est pas contente.


- Ravie de voir que tu t'amuses Susy, on peut parler en tête à tête ?
- Je vais vous laisser, vous devez avoir des choses à vous dire.
- Oui c'est mieux casse-toi.
- Je vais me changer.

 

Mais qu'est-ce qu'il lui prend à Béa ? Jamais je n'aurais osé parler comme ça au gars qu'elle fréquentait, et dieu sait qu'il y en a eu et pas que des bons !


- Et pourquoi tu lui parles comme ça ?
- Je peux savoir ce que tu fous ?
- Comment ça ?
- C'est qui elle ?
- Une amie.
- Une amie ? Avec une chemisette plus courte que ses cheveux, ne me la fait pas à moi.
- Et de toute façon qu'est-ce que ca peut te faire ? Et qu'est-ce que tu fais là ?
- Excuse-moi de te rendre visite ! Je n'avais aucune nouvelle de toi depuis la soirée, je comprends mieux maintenant !
- On peut remettre la discussion à plus tard ? J'aimerais aller m'excuser auprès d'Erobie, pour le fait que ma meilleure amie la mette à la porte comme une malpropre.
- Ça va être ma faute maintenant ?

 

En rentrant dans la chambre, Erobie est en train de remettre son t-shirt, elle me regarde avec un petit sourire gêné. Je me sens tellement mal, j'ai attendu cette journée pendant des jours, de pouvoir passer du temps avec elle, cette journée était vraiment cool jusqu'à maintenant.


- Erobie.
- Hum ?
- Je suis vraiment désolée !
- C'est elle alors Béa ?
- Oui.
- Je comprends pourquoi tu es tombée amoureuse d'elle. Elle est vraiment belle.
- Je ne savais pas qu'elle viendrait, ça fait des semaines que je n'avais pas de nouvelles d'elle.
- Et du coup, tu as pensé que je pourrais la remplacer, pour l'oublier.
- NON ! Pas du tout !
- Alors quoi maintenant qu'elle est là, je ne suis pas la bienvenue chez toi ?
- Laisse-moi lui parler s'il te plait. Je suis sûre que vous allez vous apprécier !
- Ce n'est pas l'impression que ça donne. Vous devriez peut-être être claire dans vos sentiments l'une pour l'autre.
- Comment ça ?
- Tu ne vois donc rien Susy, ta meilleure amie elle en pince pour toi aussi, ça saute aux yeux.

 

- Non, elle est juste protectrice.
- Tu te voiles la face encore une fois. Je n'avais pas raison pour ton patron ?
- Si... Mais...
- J'ai pas envie de souffrir, si tu l'aimes encore je préfère que tu me le dises tout de suite. Que je ne me fasse pas d'idées.
- Tu me plais vraiment Erobie.
- Prouve-le moi.


Béa restera Béa. Elle sera toujours dans mon coeur, mais maintenant qu'Erobie est rentrée dans ma vie, je n'ai envie d'être qu'avec elle. C'est à elle que je pense. Je m'approche doucement d'elle et je dépose un doux baiser sur ses lèvres qu'elle me rend aussitôt.


- Ça me va.


Elle étouffe un rire avant de m'embrasser à nouveau. Je rejoins Béa qui s'est installée sur le canapé devant la télé. Elle ne manque pas de toupet celle-là. Je déteste cette facette d'elle, elle me lance un regard avant de snober Erobie.


- Bonne soirée. Susy on se rappelle ?
- Promis.
- Béatrice. À bientôt.
- Je ne pense pas non. Tu peux t'en aller, je suis là maintenant. Aurevoir.

 

- Béa ! Désolé Erobie, je te rappelle vite.


Mais elle a perdu la tête ou quoi ? Depuis quand on parle aux gens comme ça ?! Si elle pense que je vais la laisser se prendre pour une reine, elle rêve, j'ai bien assez d'emmerdes pour qu'elle ajoute ses caprices de stars.


- Mais ça ne va pas la tête Béa !
- Quoi ?
- Mais tu es sérieuse en plus ? Depuis quand tu prends les gens de haut comme ça ?
- Non mais ça va n'en fait pas toute une affaire. Je suis là maintenant, tu n'as plus besoin d'elle.
- Mais de quoi tu parles Béa, ça fait des semaines que tu ne m'as pas donné de nouvelles, et tu débarques, tu jettes une fille que j'apprécie dehors, en étant vulgaire et exécrable, et tu crois que je ne vais rien dire ?
- Je plaisantais, il n'y a pas mort d’homme non plus, puis de toute façon où aurais-tu voulu qu’elle dorme, tu n’as qu’une chambre d’amis.
- ...
- Attends, ton regard là… Oh !!! Tu kiffes les chattes maintenant ?
- On atteint le summum de la vulgarité.
- Arrête de faire ta sainte-nitouche. Pas à moi Susy, je te connais par coeur.

 

- Combien de temps tu restes ?
- Je préfère, j’attendais enfin que tu me dises que je te manquais.
- La Béa sympa m'a manqué, pas celle que tu as montrée ce soir.
- Arrête un peu. J’ai super faim !
- J’ai commandé chinois.
- Je n'aime pas le chinois.
- À la base ce n'était pas pour toi, tu n’as qu’à te commander une pizza.



Les livreurs sont arrivés en moins de dix minutes, l’avantage d’être en ville. L'ambiance s'est apaisée, nous sommes installées sur le canapé, à parler de tout et de rien. Je lui raconte en détail mes mésaventures avec monsieur Lidol. Mon dossier qui m’a pris la tête. La rencontre avec Sullivan. L’ancienne Béa est de retour, je la préfère, plus posée, moins brute et agressive, je repense à ce qu’Erobie m’a dit dans la chambre, c’est impossible, je l’aurais remarqué à la coloc si elle en pinçait pour moi ? Je l’ai toujours vu ramener des hommes, jamais de femmes. Je la regarde et elle est toujours aussi belle, je suis tiraillée. Est-ce que je devrais lui demander ou ne jamais savoir ?
 

- Qu’est-ce qu'il y a ?
- Rien, je suis quand même contente de te voir.
- Moi aussi. Juste un peu déçue.
- De ?
- D'arriver et de voir que…
- Que ?
- Que tu étais avec une fille. Enfin je veux dire, tu n’as jamais ramené personne à la coloc…
- Et ?
- Eh bien, je t’avoue que c’était bien plus facile, que tu ne ramènes personne.
- Pourquoi ?
- Parce-que ce soir, en te voyant avec elle en petite tenue, ça m'a mise hors de moi, tu me plais Susy, tu m’as toujours plu, mais je ne voulais pas gâcher notre amitié.


Je rêve ou c’est une déclaration d’amour ? Erobie avait raison. Encore. Pourquoi Béa ne m’a jamais rien dit. On aurait pu vivre une belle histoire d’amour, même si Rob’s n’aurait sûrement pas apprécié de devoir partager celle qui courtisait. Cette journée est pleine de rebondissements, moi qui n’aime pas l’imprévu… Je suis servie.


- Mais Béa...
- S’il te plait Susy laisse-nous une chance.


Sans même que je ne puisse répondre, elle pose ses lèvres sucrées sur les miennes.
 

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