Chapitre 3
Lundi 1 Octobre
Le week-end est passé à une vitesse folle, l'appartement a enfin un peu de gueule, merci monsieur le proprio ! Franchement, il n'a pas rechigné sur le moindre achat, j'en ai même profité pour prendre quelques décos à son compte, sans abuser non plus, mais il me devait bien ça. J'ai passé mon dimanche à ranger mes cartons et installer tout à mon image. Ça fait du bien, la colocation, c'était génial d'un point de vu social, mais côté déco, c'était loin d'être comme je l'aurais voulu.
Maintenant que j'ai un espace rien qu'à moi, j'ai envie de m’y sentir bien ! Je suis déjà bien assez stressée, c'est aujourd'hui que je commence le travail, enfin de vrais responsabilités ! Il est 8h et je suis prête, le travail ne commence que dans une heure, j'ai encore un peu le temps avant de prendre le tram. Je n'ai aucune idée du genre de collègues, que je vais avoir, j'espère juste qu'ils ne seront pas trop coincés. Certes moi-même, je suis quelqu'un de sérieuse, mais je sais aussi m'amuser ! Je bois mon dernier café. Dans le silence, tout est tellement... silencieux ! Même les voisins le sont, j'entends juste très légèrement la télé de la vieille dame d'en face.
C'est l'heure, il fait frais ce matin, l'été est bel et bien terminé, les jours se font plus courts, ça me mine le moral ! J'adore l'été, bronzer sur les plages, faire du tapis de glisse, boire des bières en terrasse de café avec les amis. Définitivement ma saison préférée, mais sans mes colocs d'amour, les étés ne seront plus jamais les mêmes.
Mon visage enfoui dans mon écharpe, je descends la rue pour rejoindre le tram, il y a un monde fou, on va être serré comme des sardines, instinctivement je me mets à fredonner « qu'est ce qu'on est serré, au fond de cette boîte », vivement que j'ai ma voiture de fonction, pas de frais d'essence et libre circulation, enfin quand il n'y a pas les bouchons ! Je me fraye un chemin pour trouver ne serait-ce qu'une toute petite place dans le wagon. Je regarde les gens, ils ont l'air si stressés eux aussi et surtout si pressés, à Brindelton Bay les personnes sont aimables, souriantes, hyper zen et pourtant, le temps est beaucoup plus morose qu'ici, il pleut presque tout le temps.
Me voilà enfin arrivée, le cabinet est vraiment très mignon. Je ne sais pas si la localisation a été choisi au hasard, mais se mettre devant une place dédiée aux manifestations, c'est soit hyper intelligent, soit vraiment très stupide, je ne sais pas. À l'intérieur, la décoration est très sobre, rien d'extravagant tout en restant dans l'esprit de cette ville, très propre et chic. Un homme plutôt mignon se tient à l'accueil, coiffé à la perfection.
- Bonjour, je suis Madame Vockwin …
- Susy, vous permettez que je vous appelle Susy ? Oui, c'est beaucoup plus facile, nous aurons tellement l'occasion de nous voir qu'il me semble que c'est plus simple, vous ne pensez pas ? Excusez-moi pour mon impolitesse, je suis Nick, bienvenue ! Nous sommes ravis d'accueillir une nouvelle avocate, un peu de fraîcheur, ça fait du bien ! Veuillez me pardonner, je parle beaucoup, mais voir de nouvelle tête m'excite ! Je vais vous accompagner à l’ascenseur. Dori viendra vous chercher pour vous faire faire le tour des locaux, vous montrer votre bureau et vous donner tous les papiers nécessaires.
- D'accord très bien... Monsieur Lidol n'est pas là ?
- Vous savez Monsieur Lidol, je ne voudrais pas être médisant, mais vous savez comment sont les patrons, ils viennent un peu quand ils veulent !
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, il me fait un large sourire et remue sa main frénétiquement pour me dire au revoir. Vraiment étonnant ce garçon, en trois minutes avec lui, j'ai su que les avocats étaient plutôt vieux et que le patron faisait du zèle. Je pense que si un jour, j'ai besoin d'une information, je sais vers qui me tourner ! L'étage est tout aussi charmant que le hall, faut dire en rappelant en passant que je travaille dans le plus grand cabinet de la région, donc il faut un minimum de standing, je n'ai même pas encore mis les pieds sous mon bureau que je prends déjà la grosse tête !
Une voix stridente me fit sursauter.
- Hellooo Susy ! Bienvenue !!
- Merci, Dori c'est ça ?
- Oui !
Elle fait un truc des plus intrigant dans cette situation, une chose suspect avec sa bouche, vous savez comme quand on est gamin et qu'on essaie d'imiter le poisson, c'est exactement ce qu'elle est en train de faire actuellement, voudrait-elle me dire quelque chose ?
- Dori, comme le poisson dans Némo, tu connais j'espère?
** C'est donc ça**
- Je ne l'ai jamais vu, mais oui de nom ça me dit vaguement quelque chose.
- Okayyy, c'est moi qui vais te faire faire le tour, je suis polyvalente alors on m'a confié cette tâche !
- Ah oui ? Tu t'occupes de quoi ici ?
- Je distribue le courrier, c'est important, car si je ne suis pas à l'heure vous ne pouvez pas travailler comme il faut. Je vais aussi faire les photocopies, très important ça aussi pour que vous ayez une organisation au poil.D'ailleurs, tu as des animaux ?
Oui donc pour être sympa, elle fait la merde des autres comme je faisais avant et elle essaye juste de se rassurer en disant que son rôle est important alors qu'en soit, elle est juste utilisée. Mais à côté de ça, elle a l'air plutôt sympa.
- Non pas d'animaux.
- Dommage, j'adore ça. On y va ?
Les bureaux sont splendides, tout le confort qu'il faut pour accueillir les clients et travailler dans le calme et la rigueur. En longeant le couloir, certains me font un petit signe de main en guise de bienvenue, une petite brune, une rousse avec un magnifique rouge à lèvres rouge... Vraiment sexy et d'autre n'ont même pas levé la tête tellement concentrés sur leur pile de dossiers.
- Ici, c'est le bureau de Monsieur Lidol, il n'est pas là aujourd'hui, mais…
- Oui, je sais.
- Nick ne pourra jamais tenir sa langue !
- Et ce bureau ?
- C'est l'assistante du patron, Monica.
- Vu le ton de ta voix, tu n'as pas vraiment l'air de l'apprécier ?
- C'est une peste, méfie toi d'elle comme du choléra !
- Tant que ça ?
- Elle a les bonnes grâces du patron, elle a su par où le prendre pour avoir tout ce qu'elle voulait, si tu vois se que je veux dire.
- Ow, oui j'imagine que ça règle pas mal de soucis.
Ça ne m'étonne pas, il faut toujours une peste quelque part, sinon ça ne serait pas drôle, les promotions canapé ça existe depuis longtemps et ça n'est pas prêt de s'arrêter.
- Voici ton bureau ! J'espère que tu t'y sentiras bien !
Elle s'avance et me montre une pile de dossier sur le bureau, j'espère que ce n'est pas du rangement que je vais me coltiner pour les premiers jours. Je n'ai pas le temps pour ça, je veux rentrer dans le vif tout de suite, j'ai trop attendu pour me taper de l'organisation !
- Je vais te laisser travailler, le patron m'a dit de te dire de parcourir un peu les dossiers et de choisir celui qui te semble le plus simple pour démarrer.
- Je dois choisir moi-même ?
- Tu es dans la cour des grands maintenant, ne t'embête pas à prendre un trop compliqué pour faire tes preuves sinon tu risques de te casser la gueule. Et ici, c'est rare que tu sois gardé si tu te loupes, je préfère te prévenir !
- C'est gentil ! Bon bah, il y a plus cas. Merci Dori.
Elle part en sautillant, passant la tête dans chacun des bureaux sûrement pour savoir qui a besoin de quoi. Je m’assois, le fauteuil est confortable. Bon, je prends le premier dossier, le parcourant minutieusement, rien de transcendant. Un deuxième, puis un troisième. J'ai bien écouté le conseil de Dori, mais j'ai besoin d'avoir un cas qui me fait vibrer, je sais que je peux y arriver !
Quelques heures après t'elle une tornade, Dori passa la tête à nouveau dans mon bureau.
- Ça bosse ? Tu as trouvé ton bonheur ?
- Pas encore !
- Allez viens déjeuner, tu as tout le temps qu'il te faut, tu continueras cette après-midi !
- Ok.
…
Le déjeuner, c'est bien passé, j'ai rencontré la jolie brune de ce matin et femme fatale rousse ainsi que trois autres avocats. Nick aussi était la, ils m'ont raconté quelques anecdotes sur Monica et le patron, mais il était temps de me remettre au travail ! Je voudrais vraiment choisir ce foutu dossier pour commencer à faire mon plan d'action ce soir, les gens comptent sur nous. Je regarde Dori slalomer de bureaux en bureaux. Au moins on ne peut pas dire qu'elle a son cul posé toute la journée sur une chaise ! J'ai de la peine pour elle maintenant, je sais tellement ce qu'elle vie, elle essaie de faire croire qu'elle va bien alors que le soir, quand elle rentre chez elle, je suis sûre qu'elle se morfond en pensant qu'elle est prise pour la pire des merdes. Assez de rêvasser, je me replonge dans mon travail. Je dois trouver avant ce soir.
…
Après plusieurs heures de recherche, je m’aperçois en levant la tête que les bureaux sont plongés dans le silence. 17H une grande partie des avocats sont déjà partis, retrouvant leur famille ou leur petit ami et pour d'autres le patron ! Certains sont encore là comme Dori, qui traîne maintenant des pieds, son air gai de ce matin a disparu, elle est même entrain de se faire engueuler par George.
En repassant en revue les dossiers, un d'eux attire mon attention, « Affaire Doguets », je parcours rapidement les faits qui sont reprochés, les témoignages. C'est lui, c'est celui qu'il me faut ! Le dossier fourré dans mon sac à main, prête à rentrer chez moi, fière et motivée !
- Dori, a demain ?
- À demain ! Tu as trouvé ?
- Oui ! L'affaire Doguets est pour moi !
- Doguets ?
- Oui pourquoi ? Il y a un souci ?
- Non, non, bonne soirée Susy.
- Dis-moi avant de partir, est-ce que tu sais quand j'aurais ma voiture de fonction ?
- Oh je suis bête, elle est sur le parking, à la place qui t'es attribuée ! Il faudra que tu me dises comment tu as fais pour la négocier !
- Je peux me montrer très persuasive !
- Rentre bien ! À demain !