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Chapitre 14

Samedi 20 Octobre (suite)

J'ai hâte, j'ai peur, j'ai le coeur qui bat à mille à l'heure. Je veux prouver à Béa qu'elle ne m'impressionne plus, que même si elle reste ma meilleure amie, elle doit comprendre que je veux avancer sans avoir à me cacher derrière elle. Bien qu’au fond de moi, je le sais, la mettre au pied du mur face à Erobie, c'est purement de la provocation qui n'a que pour but de la blesser. Pourquoi ? Tout le monde a une part d'ombre, mais je n'aime pas ce côté de moi. Je m'arrête un instant.


- Il y a un souci ? Tu doutes de ton choix c'est ça ?
- Non pas tout, mais je me demande si je ne fais pas une bêtise en te ramenant à la maison.
- C'est toi qui as voulu. Puis dis-toi que je serais là quand elle partira en claquant la porte.
- Non elle ne fera pas ça, elle sera sûrement déçue, mais je suis sûre qu'elle ne craque pas réellement sur moi. Elle est comme ça Béa, quand elle voit que quelqu'un lui échappe...
- Mouais. Enfin si tu le dis, alors on y va puis tu seras fixée ! Je croyais que tu n'avais plus peur d'elle ?
- Peur est un bien grand mot.
- Je m'exprime mal, mais tu comprends.
- Oui. Bon bah on continue alors.

 

C'est vrai mince, en plus je suis certaine qu'elles s'entendraient super bien. Enfin je pense, l'appartement se rapproche dangereusement, une boule s'est formé au creux de mon ventre, j'ai envie de vomir. Je n'ai jamais eu une vie aussi palpitante, et en vrai ça fait du bien ! Un peu de piment, un peu d'action !


- Tu es prête ?
- Oui archi prête même !


La porte de la résidence est encore grande ouverte, mais putain personne ne comprendra qu'un code d'entrée ce n'est pas fait pour les chiens ? Pas de bruits dans l'appartement, mon coeur cogne tellement qu'il pourrait lui-même toquer à ma propre porte ! J'entre. L'appartement est silencieux.


- Béatrice ?


Pas de réponse, je fais le tour de l'appartement, sa valise n'est plus dans sa chambre, Erobie arrive à son tour.


- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Je crois que Béa est partie.
- Pourquoi ?
- Je n'en ai aucune idée ! Elle a ramassé toutes ses affaires !
- Susy, je pense qu'elle t'a laissé un message, regarde ... "Ma susy...
- Fait voir !


Mon ordinateur est ouvert sur la lettre écrite par Béa.
 

<< Ma Susy.
Je suis désolée de partir sans même une explication, mais je ne pouvais pas rester ici en sachant laquelle de nous deux tu allais choisir, je ne l'aurais pas supporté. Je vois les étoiles que tu as dans les yeux quand on parle d'Erobie. J'ai besoin de partir pour réfléchir, je n'aurais pas dû revenir dans ta vie, mais je voulais être certaine que tout aille bien pour toi. Je sais que j'ai beaucoup de défauts, je t'ai peut-être trop souvent protégé dans ta vie sociale et professionnelle, je l'ai fait une dernière fois aujourd'hui, car j'en juge nécessaire. Ne m'en veut pas s'il te plait. Au Revoir ma Susy.  >>


- Ow !


J'ai dû relire trois à quatre fois d'affilée pour mettre au clair tous ses mots, comment ça, elle me protège une dernière fois ? Je regarde Erobie, qui à son tour me regarde comme pour me questionner.


- Je ne comprends pas moi-même Erobie.
- De quoi tu devrais lui en vouloir ?


Mon regard se pose sur le tiroir où je range tous les indices, toutes les informations regroupées et mon dossier imprimé, il a été ouvert. Je me connais tout est rangé à la perfection chez moi, je n'ai rien qui traine et les tiroirs ne sont jamais laissés à demi ouverts, non elle n'a pas pu faire ça ! Le tiroir est vide, je fouille rapidement tous les autres tiroirs et pas de dossier. Il est vide, je passe ma main sur le fond du tiroir, comme si j'étais en train de rêver et que tous le fruits de mes recherches auraient pu devenir invisibles. Non rien.


- Qu'est que tu as ?
- Elle m'a tout pris !
- De quoi tu parles ?
- De tout, absolument tout ! C'est ça qu'elle veut dire, qu'elle me protège une dernière fois !


Elle m'a volé tout mon dossier, je n'ai plus rien, plus de numéro plus rien !
 

- Calme-toi Susy, tu n'as pas tout en tête ? Et puis l'homme que tu vois, il te remémorera ce que tu as besoin de savoir !
- Non, non, je ne connais pas tous les numéros, les noms, j'arrive à me souvenir de choses, mais je ne suis pas un robot.
- Merde.
- Comment elle a pu me faire ça !


Dépitée et choquée, je me laisse tomber sur le canapé. Les larmes coulent sur mes joues. Je ne sais pas si je pleure seulement pour le dossier ou par la fuite de Béa ? J'aurais aimé lui dire ce que j'avais sur le coeur. Erobie soulève ma tête pour la déposer sur ses jambes en me caressant doucement les cheveux.


- Ça va aller, ne pleure pas.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas, elle était peut-être en colère. Ou triste.
- De là à voler tout mon dossier ?
- Pour le coup, moi je suis rassurée. Oui ne me regarde pas comme ça, je t’ai dit que ce n'était pas une bonne idée et trop risquée. Alors sois positive.


Elle a raison. Et je ne veux pas que Béa pense avoir gagnée encore une fois. Elle a fui tout simplement car cette fois elle n’avait pas le contrôle de la situation. Elle n’a pensé qu'à elle pour le coup, mais tout n’est pas perdue, j’ai toujours le numéro que m’a donné Sullivan ! À deux on lui expliquera très bien la situation, je vais devoir lui interpréter mon plus beau discours et ressortir mes tenues tirées à quatre épingles. Je ne sais pas qui est cette personne, mais c’est notre dernière chance pour avancer…
 

- Tu penses à quoi ?
- Hum à rien, je me demande comment je vais faire maintenant.
- Tu ne comptes pas arrêter si je comprends bien.
- Même si je sais que c’est surement complètement dingue et qu’au fond de moi je pense que je n’arriverais pas à débloquer toute cette merde. Oui je veux au moins être sûre d’avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir.
- Hum.
- Fais pas la gueule, je te promets de faire attention. Je vais appeler Sullivan demain puis voir avec lui ce qu’on peut faire maintenant.


Je n’ai pas envie de la mêler à tout ça, elle s’inquiète déjà bien assez elle aussi, ce n’est pas lui mentir, mais omettre quelques détails qui pourraient être anxiogènes pour elle, c'est différent !


- Tu restes dormir ici ?
-  Je veux bien, mais je n’ai toujours pas de pyjama !
- Et si cette fois tu n’en avais pas besoin ?

 

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