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Épilogue 4

Roselya

Quatre ans plus tard ...

C’est un jour spécial aujourd’hui, l’anniversaire de ma nièce, elle a six ans déjà et depuis toutes ses années je n’ai pu qu'apercevoir ses beaux cheveux. Tana m’interdit de la voir, vous connaissez déjà la raison. C’est tellement injuste de me priver de cette enfant, j’ai fait une erreur, mais personne n’en est mort quand même ? Ça ne s'est jamais reproduit, c’était un incident de parcours et j’étais complètement saoule. Six longues années et Tana ne m’a toujours pas adressé la parole, quand elle est rentrée à la maison en pleurs avec ses affaires, j’ai compris que Raphaël n’avait pas pu tenir sa langue, il n’a vraiment pensé qu'à lui sur le coup.

J’ai toqué à sa porte ce jour-là, je voulais être sûre et l’énorme gifle que je me suis prise m’a bien fait comprendre que rien ne serait comme avant. Après quelques jours, maman et papa ont changé leur regard sur moi, je savais qu’ils étaient au courant, je voyais la déception sur leurs visages, maman a fini par s’assoir au pied de mon lit un soir et me dire qu’elle savait tout, que c’était mal ce que j’avais fait et que l’alcool n'excuse rien. J’avais changé d’avis, je voulais rester auprès d’eux, même si les aller-retour entre la fac et la maison étaient pénibles, mais elle m’a bien fait comprendre que le mieux pour tout le monde et surtout pour Tana c’était de finalement m’installer dans un dortoir à l’université. Que chaque acte commis avait des conséquences, et ma sentence n’en fut pas moindre.

Je me suis sentie humiliée, éjectée de ma propre famille, les parents m’ont dit qu’il ne fallait pas que je le prenne comme ça, qu’ils seraient toujours là, mais que je devais assumer ce que j’avais fait. Ils m’ont trouvé une chambre dans l’université où j’ai mes cours et depuis je ne l’ai pas quitté, j’allais régulièrement les voir et avec les années ils ont fini par me regarder comme au premier jour. Je faisais en sorte d’y aller en étant certaine que Tana ne s’y trouvait pas, ce n’est que deux ans plus tard que j’ai appris l’existence de cet enfant. J’ai trouvé des photos rangées dans un tiroir chez papa et maman, mis au pied du mur ils ont fini par me l’avouer. Je n’arrive toujours pas à croire qu’ils aient réussi à me cacher ça pendant si longtemps, je suis quand même leur fille et même si Tana ne veut plus m’adresser la parole il n’en reste pas moins que Eléana est ma nièce !

C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui, je n’ai pas envie de louper un anniversaire de plus, je veux être présente. J’ai le droit de faire partie de sa vie, si Tana n’est pas heureuse ce n’est pas entièrement de ma faute et Eléana n’a rien à faire dans l'histoire.

Je m’avance vers la maison où se tient l’anniversaire, je ne sais pas qui a décoré, mais c’est incroyablement joli ! J’entends les rires des enfants, je frappe à la porte et j’attends mon paquet à la main, j’espère qu’elle aimera, je ne connais pas ses goûts alors je lui ai pris une mallette pour se maquiller.

La porte s’ouvre et le visage radieux de Raphaël s’éteint quand il me voit.

- Roselya qu’est-ce que tu fais là ?

- C’est ma nièce j’ai le droit de la voir.

- Tu n’as aucun droit. Comment es-tu arrivée jusqu’ici ?

- Mes parents m’ont dit que Eléana fêtait son anniversaire chez tes parents.

- Et ils ont oublié de te dire que tu n’étais pas invité !

- Je veux juste la rencontrer et lui donner son cadeau.

- Non.

- Pourquoi ? Elle n’a rien à faire dans l’histoire !

- …

- Juste quelques secondes, je lui donne son paquet et je m’en vais !

Au même instant, une petite tête brune sort du dos de Raphaël, elle est si jolie.

- Papa c’est qui ? Pourquoi elle ressemble à maman ?

- Rentre ma puce, va jouer avec tes copains.

- C’est un cadeau pour moi ?

- Oui tiens ma grande, je ne peux pas rester, mais je te souhaite un bel anniversaire Eléana.

- Merci beaucoup Madame. A bientôt !

A bientôt, si seulement... Elle s’éloigne secouant son paquet comme une poupée de chiffon, Raphaël me regarde une dernière fois avant de refermer la porte, peut-être qu’un jour Tana me pardonnera pour ce que j’ai fait. En m’installant dans la voiture, je me surprends à toucher mon ventre, ça fait bien longtemps que je n'y avais pas pensé, il ou elle aurait aussi six ans dans quelques mois…

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