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Raphaël

Chapitre 29

Vendredi 16 Novembre (suite)

Je n’ai d’yeux que pour elle, c’est la femme de ma vie, son côté rebelle, son insouciance me font craquer. Je réfléchis aux paroles de Roselya, je suis complétement perdu, je me dégoûte moi-même, comment j’ai pu ne pas m’en apercevoir, elle a peut-être raison, je suis aussi coupable. Des jours que je rêve de son corps et ce n’est que quand j’ai entendu la voix de Roselya que j’ai compris. Je ne peux pas revenir en arrière, deux options s’offrent à moi, soit je lui dis la vérité et elle me quitte, soit je reste un menteur toute ma vie et je la regarde comme si je n’avais rien fait, pour la garder auprès de moi. Qu’est-ce que je suis censé faire à votre avis ? Je n’éprouve aucun sentiment pour Roselya, j’en suis sûr et certain, il n’y a que Tana qui fait battre mon cœur à la chamade et ce depuis que j’ai posé les yeux sur elle.

Je la regarde de loin, elle parle avec ce pauvre type, si j’avais refusé de venir ici, rien ne se serait passé, nous aurions pu continuer à vivre des jours heureux. Je les vois monter à l’étage, que font-elles ? Je n’aime pas ça, j’arrête une serveuse.


- Mademoiselle !
- Oui ?
- Dites-moi qu’est-ce qu'il y a en haut ?
- À l'étage ?
- Oui.
- De très bon donneurs.
- Je ne comprends pas.
- Les plus riches, ils ont des accès privilégiés, si vous voyez ce que je veux dire. Excusez-moi j’ai du travail.


Des accès privilégiés ? Je ne peux pas la laisser là-haut, qui sait ce qu’il peut être en train de se passer. Je me lève, je fonce droit sur les escaliers, je monte et je me retrouve nez à nez avec un vigile.
 

- Vous ne pouvez pas passer monsieur. C’est privé.
- Je veux seulement jeter un coup d’œil.
- Il y a assez de jolis popotins en bas pour vous rincer l’œil, je vous demande de descendre de suite.
- Très bien.


S'il pense qu’il me fait peur, dans un sursaut d’adrénaline, je me retrouve à lui foncer dessus, faisant ricocher mon point sur sa mâchoire. L’homme se retrouve à terre. Je me frotte les mains comme si j’avais gagné un combat de coqs.
 

La pièce est tout juste tamisée. Il y a des portes et des fauteuils, je ne mets pas longtemps à comprendre ce qu'il se passe ici, c’est plus qu’un accès privilégié, c’est un baisodrome ! Je commence à paniquer en pensant à Tana qui pourrait se retrouver dans n'importe quels bras sauf les miens, je cherche de pièce en pièce, je jette un coup d'oeil à travers chaque fenêtre comme tous ses vieux pervers qui regardent eux aussi. C’est abject.

Ma brune a moi est installée dans un salon avec deux hommes et sa sœur. Ils discutent, mon cœur me dit d‘y aller, de l’attraper par le bras et de partir de cet endroit au plus vite et ma tête pense à ce pauvre homme enfermé derrière les barreaux. Je n’arrive plus à réfléchir. J’aurais préféré ne jamais être appelé.


Je suis comme paralysé, attendant de me décider. Les hommes deviennent un peu plus proches. Trop proche, c’est le coup de sonnette, j’ouvre la porte. Tana me regarde, elle a peur je peux le lire dans ses yeux.


Je veux m’approcher, mais les hommes me barrent la route.


- Casse-toi gringalet, elles sont à nous.
- Je ne crois pas non. Tana vient on rentre.
- Nous avons payé pour ce service.
- Ma copine n’est pas un objet.
- Toutes les filles ici sont des objets ! Elles sont là, elles restent.

 

Les hommes sont de plus en plus virulents, avec moi et avec les filles, j’ai peur de ne rien pouvoir faire sur ce coup-là, je me fais pousser comme une vulgaire carte qui s’envole avec le vent. Je me retourne pour chercher de l’aide et la seule personne que je vois c’est le vigile que j’ai frappé dans les escaliers, je ne l’avais pas vu si costaud tout à l’heure, il m’attrape par le bras.


- Veuillez m’accompagner Monsieur !
- Pas sans ses filles.
- Elles travaillent.
- PUTAIN cette dingue ma mordue !
- Foutez-les tous dehors !


Nous sommes tous les trois dans un sacré merdier. Je leur avais dit que ce plan était foireux, on aurait dû prendre le temps de réfléchir, d’en monter un en béton, mais non, elles sont aussi têtues l’une que l’autre. Comment je vais faire pour expliquer notre échec à Sullivan ? Si on s’en sort vivants.


Un des vigiles active son talkie-walkie.
 

- Nous avons des fauteurs de troubles à l’étage. Qu’est-ce qu'on en fait ?
- Amenez-les dans le bureau.


Voilà qu’on se retrouve dans de beaux draps… Encore une fois…

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