Chapitre 7
Samedi 13 Octobre
Ma vie est faite d'ascenseurs émotionnels, un coup c'est beau et le lendemain je suis plongée dans l'angoisse. C'est exactement ce que je vie depuis que je suis arrivée ici. Est-ce que je devrais prendre ça pour un signe ? Non je ne crois pas aux signes. C'est juste que je n'ai pas de chance. Je n'ai dormi que quelques heures, même avec les litres d'alcool qui coulent encore dans mes veines. Ce mystérieux appel m'intrigue, je me suis sentie comme une enfant sur le point de commettre une bêtise, l'homme au bout du fil était intimidant et flippant. La discussion a duré trois minutes malgré mon insistance pour en savoir plus, il n'a rien voulu me dire, que ce n'était pas prudent de parler au téléphone, je commence sérieusement à me dire que cette histoire est bien plus louche que ce que je ne pensais.
Et si j'avais raison ? Si certains faits, sont cachés volontairement ? J'en serais plus ce soir, il m'a donné rendez-vous à minuit près d'un bar, dont je n'ai jamais entendu parler, un petit bouiboui dans le quartier des épices. Ce n'est pas l'heure qui me rassure le plus, mais je me dis qu'un samedi soir, je ne me retrouverai au moins pas seule avec lui.
Je suis excitée. Pourquoi tant de secrets ? Et si j'allais dans la gueule du loup ? Qui me dit que c'est l'homme que j'ai contacté il y a deux semaines ? Non je ne dois pas céder à l'angoisse, j'ai déjà assez de soucis comme ça, c'est l'opportunité rêvée pour rester dans la course. Je revois le petit bout de papier avec le numéro d'Erobie posé sur le plan de travail, j'ai bien envie de l'appeler, non un SMS peut-être qu'elle dort encore... Oui c'est mieux, j'attrape mon téléphone et compose un petit texte pour l'inviter à aller déjeuner. Je suis d'humeur à oser aujourd'hui, au moins si je meurs ce soir je n'aurais pas passé ma dernière journée, seule, entre quatre murs.
- Salut Erobie, c'est Susy (la fille que tu as courageusement sauvée des mains de son patron hier soir), je voulais savoir si tu souhaitais venir prendre le déjeuner avec moi en ville aujourd'hui ? Des bisous
Je ne sais même pas si elle va se souvenir de moi, un peu plus ou un peu moins j'ai envie de dire. Ah ! Je vois que je ne suis pas la seule à être matinale, j'entends le réveil du voisin du dessus. Pourquoi se lever si tôt un samedi ? Neuf heures du matin, j'ai le temps de me faire couler un café et prendre un bain. Le temps est pluvieux aujourd'hui, adieu la chaleur de l'été bonjour, les feuilles orange et les marrons qui tombent sur le coin de la gueule quand on passe sous un arbre. Oui je parle en connaissance de cause, je me méfis maintenant.
L'eau qui coule dans le bain me berce, j'aime l'odeur de la bombe de bain à la fraise que j'ai lancée dedans. Je m'allonge dans la baignoire, le contraste de l'eau chaude et l'air frais ambiant de la pièce, me fait dresser les tétons. Je laisse descendre ma main à l'endroit le plus intime de mon corps, je caresse doucement ma précieuse perle, me faisant monter doucement, faisant fonctionner mon imagination, je ne mettrais pas longtemps. Un doigt puis deux et... Mon téléphone vibre... "Erobie". Elle a de la chance que je l'aime bien, je déteste être dérangée en plein moment solitaire.
- Hey, salut toi, tu es bien matinale, tu as pu te reposer un peu ? Je ne pourrai pas déjeuner avec toi malheureusement, j'ai un rendez-vous avec un client, mais je suis disponible ce soir pour un diner si tu veux ?
Merde, dommage, mais je trouverai une excuse pour m'éclipser avant l'heure du rendez-vous avec l'homme mystère.
- Oui, je suis actuellement dans mon bain, pour ressourcer mon corps de toute impureté que je lui ai fait subir hier soir. J'ai envie de tester un restaurant, chez Grignette, je ne sais pas si tu connais ? On peut se rejoindre vers 18h30 ? Je peux venir te chercher si tu veux, je te dois bien ça ?
- Non, ne t'inquiète pas, je serais sûrement en ville, donc je te rejoins directement au restaurant, paraît-il qu'on y mange super bien. À ce soir.
Bon qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire jusqu'à ce soir, je n'ai pas envie de penser au travail pour l'instant. Une partie de console ? Non franchement je n'ai pas envie de rager, Dori m'a dit que tous les jours à 11h il y a des cours de Yoga à la salle de gym, j'ai bien envie d'essayer. Enfilant une tenue de sport, fermant ma porte à clé prête à aller étendre mon corps... Sur un tapis, un homme me barre la route.
- Oh salut Paul ! Comment vas-tu ?
- Bien et toi ? L'installation est terminée ?
- Oui, je me sens tellement bien, tu venais voir un locataire ?
- Je venais te voir en faite. J'étais dans le coin avant mon prochain chantier et je me suis dit que j'allais venir prendre des nouvelles.
- Je m'apprête à aller faire du Yoga.
- Super ça, tu vas voir la salle de sport est top ! Bon beh si tout va bien, je suis ravi, nous avions souvent des soucis de voisinage avec l'ancienne locataire, je voulais être sûr que tout aille bien.
- La petite dame d'en face est très gentille, c'est plutôt calme, je n'ai même pas encore vu le voisin d'en haut pour te dire.
- Le voisin d’en haut ?
- Oui, il où elle a emménagé il y a quelques semaines, mais ça va mieux maintenant, d'ailleurs, il n'est pas souvent là, car c'est le calme plat .
- Je n'étais pas au courant, je me renseignerai quand je pourrai. À l'occasion on se fait un déjeuner si ça te dit ?
- Hum. Ok. Pas de soucis.
...
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Je suis affalée sur mon canapé, depuis que je suis rentrée de la séance de yoga, cette prof est une dingue, son corps ressemble à du chewing-gum alors que le mien se rapprocherait plus de celui de la vieille dame d'en face. Je vais avoir de sacrées courbatures.
Je dois bientôt rejoindre Erobie pour aller manger et comme d'hab je n'ai aucune idée de ce que je vais mettre. Je dois penser à l'après aussi, des baskets seraient de bon augure si je dois courir. Et un pantalon aussi du coup. Je fouille et fini par trouver la tenue adéquate. Je dois me dépêcher, j'ai perdu du temps, c'était une très mauvaise idée de m'allonger pour regarder les 101 dalmatiens. Me voilà à la bourre maintenant.
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...
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Je suis arrivée en courant au restaurant, m'excusant mille fois auprès d'Erobie, je déteste être en retard.
- C'est pas grave, je t'avoue que je viens juste d'arriver.
- On va manger ? J'espère qu'il n'y a pas trop de monde.
- Pourquoi ? Tu es pressée ?
- Non pas du tout, mais j'ai faim, je suis allée au yoga ce matin, une horreur.
- Du yoga ?
- Oui j'avais besoin de relâcher la pression. Je n'ai pas pu dormir de la nuit, enfin presque pas.
- Tu as ressassé l'histoire de ton patron ?
- Pas tout à fait, mais concernant le patron, je pense que ça ira. La solution a appelé cette nuit. Enfin j'espère que ça suffira.
- Comment ça ?
- Je vais pouvoir avancer dans mon affaire, enfin normalement. Je ne peux pas trop t'en dire, secret pro désolé.
- Non pas de problème, allons manger !
- Au faite, cette nouvelle couleur est superbe !
- Merci, J'avais besoin de changement.
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Elle a bien vu durant le repas que ça n'allait pas je regarde ma montre beaucoup trop souvent, il est 23h et nous avons presque fini. Je n'ai jamais mangé aussi vite. Il me faut au moins 1h pour arriver au point de rendez-vous en prenant les raccourcis.
- Tu es bizarre, tu es sûre que ça va ?
- Je suis désolée, ma collègue m'a envoyé un SMS, elle a un souci. Mais en même temps c'est moi qui t'es invité alors…
- Je ne t'ai pas vu sortir ton portable pourtant.
- ...
- Non mais je ne veux pas te retenir, tu devrais y aller, c'est sûrement important.
- Vraiment désolé, je règle l'addition, on se revoit vite et cette fois je ne serais qu'à toi. Ok ?
- Ok, bonne soirée Susy.
J’ai payé le repas avant de m’enfuir, la laissant toute seule à la table, franchement après ça, si elle veut toujours me voir, ça relèvera du miracle.