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Chapitre 2

Samedi 29 Septembre

Voilà, c'est ici… C'est tellement… Silencieux. Je n'ai plus l'habitude. À la coloc, il y avait toujours quelqu'un pour faire chier... C'était beaucoup moins angoissant que cet appartement vide et poussiéreux où seul le raisonnement de mes pas se fait entendre. Mes cartons jonchent le sol, ils sont arrivés il y a deux jours et une épaisse couche de crasse se trouve déjà dessus, le papier peint est dégueulasse et en faisant le tour de la maison, je m'aperçois que la cuisine qui m'était normalement destiné a disparu. L'ancienne locataire était censée la laisser. Apparemment le proprio a oublié de me dire ce détail, comme si j'avais l'argent et le temps d'acheter et d'installer une cuisine franchement. Je commence le travail lundi et je n'ai rien pour faire à manger, il est 12h et j’ai la dale… Pratique, je n'ai pas prévu de réchaud moi ! Ça aussi ce n'est pas comme je l'espérais. Rien ne va dans mon sens et c'est le genre de truc qui m'agace légèrement. J'essaye de me rassurer comme je peux, en me disant que tous les grands avocats ont démarré au bas de l'échelle. Que ça va forger mon caractère.


J'ai fait le tour des pièces, l'odeur de renfermé pique le nez. Je n'ai pas pu me déplacer pour faire l'état des lieux. Tout a était fait par photos interposées, le propriétaire n'a pas dû revenir faire un brin de ménage depuis la signature. Je vais lui en parler, prendre des photos, qui ne tente rien n’a rien, mais s'il peut me faire une petite réduction de loyer qui me permettrait d'acheter le nécessaire manquant, je ne dis pas non après tout, je suis une femme d'affaire non ? La négociation, l'argumentation, c'est bien mon point fort. Je ne vais pas attendre demain, je vais lui envoyer un mail après avoir pris quelques photos du désastre. Sinon je ne vais pas réussir à dormir, d'ailleurs en parlant de dormir… Où est le lit ?

 

« Bonjour Monsieur Vatakors, je suis bien arrivée dans le logement, ceci dit, je suis surprise de voir que l'appartement est dans un état catastrophique. Sur les photos que vous m'aviez envoyé il y avait une cuisine, mais actuellement je ne vois qu'une pièce vide taché de gras. L'appartement sent très fort et le lit a lui aussi disparu, sans compter le papier peint décollé et immaculé d'un liquide dont je n'ai même pas envie d'imaginer la provenance. Cela n'a rien à voir avec ce que j'ai signé. Que c'est il passé ? Pouvez-vous me rappeler ? Cordialement, Susy Vockwin »
 

J'espère qu'il me rappellera vite. J'ai refait le tour de l'appartement pour voir si aucune autre surprise m'attendait, manquerait plus qu'un cadavre soit dans ma baignoire ! Non rien. C'est bien la pièce la plus impeccable de l'appartement ! Je regarde l'ampleur du travail que je vais devoir effectuer avant d’être bien. Ça met en l'air tous mes plans ! Je suis bonne pour aller m'acheter des sandwichs pendant quelques jours… C'est dommage parce que cet appartement pourrait vraiment être sublime, je suis au rez-de-chaussée, j'ai une petite terrasse pour me détendre, il est suffisament grand et j'ai deux chambres pour accueillir mes amis quand ils viendront me voir. J'entends des bruits dans le couloir, je n'ai pas encore croisé de voisins, en regardant par l’œillet un homme s'approche de ma porte. Ils sont même plusieurs.


« Dring »


Merde ! C'est un homme plutôt mignon, son teint métisse fait ressortir ses yeux vert.
 

- Bonjour Madame Vockwin, je suis Paul, le fils de Monsieur Vatakors. Il vient de m'appeler en panique en me disant que vous aviez un souci et comme j'étais dans le coin avec mes ouvriers, je lui ai proposer de passer.
– Bonjour, ravis de vous voir aussi rapidement. Oui c'est exact, je n'ai pas la cuisine qui était sur les photos, enfin l'appartement n'était pas dans cet état quand j'ai signé.
- Je suis vraiment désolé pour la cuisine. L'ancienne locataire est partie avec et mon père est tombé malade, je n'ai pas eu le temps de la remplacer avant votre arrivée. Je suis vraiment confus. Et qu'est-ce qu'il s'est passé ? L'appartement est dans un état déplorable !
- Oh, votre père va mieux j'espère ? Oui, sur les photos, il était parfait.
- Je ne comprends pas. Mon père m'a dit que vous n'aviez plus de lit non plus ?
- Oui, enfin, rien n'est comme je l'avais espéré.
- FFFF, je suis vraiment désolé. Nous donnons une mauvaise image de nous et ce n'est vraiment pas notre façon de faire. Je souhaite trouver une solution bien entendu, nous n'allons pas vous laisser comme ça ! Je peux vous proposer quelque chose ?
- Oui, je vous écoute.
- J'ai emmené la cuisine qu'on vous avait réservée, elle est toute équipée, four, hotte, frigo. Mes employés peuvent vous la monter en un rien de temps et moi, je vous conduis dans un magasin pour qu'on puisse compléter ce qu'il vous est dû. Qu'est-ce que vous en pensez ?


Ce n'est pas une si mauvaise idée ! Finalement, je n'ai pas eu à dire grand chose, je ne voulais pas me mettre les propriétaires à dos dès le premier jour, alors ça m'arrange. J'en profiterais pour aller faire deux ou trois courses.


- Très bien ça me convient parfaitement !
- Ne tardons pas alors ! Les gars, je vous laisse installer la cuisine pendant que j'accompagne madame Vockwin chercher un nouveau lit à son goût ! Faites ça propre. Nous n'en avons pas pour longtemps
.


Les hommes sont rentrés comme des furies et franchement, je n'aimerais pas me frotter à certains, mais au moins je suis contente. Je me sens soulagée. Finalement, ce n'est pas si merdique que ça. Monsieur Vatakors fit rapidement le tour de l'appartement, carnet et stylo à la main.
 

- Je suis prêt. On peut y aller madame Vockwin.
- Go !


À voir son camion, les Vatakors ne sont pas à la rue, je vois bien que l'homme n'est pas à l'aise pendant le trajet. Il clapote le volant avec ses doigts.


- Je suis vraiment désolé pour tout ça. Vraiment, je ne comprends pas. Tout était pourtant niquel quand j'ai laissé l'appartement la dernière fois.
- Peut-être que des gens sont venus squatter ?
- Je pencherais plutôt par l'ancienne locataire.
- Vous avez eu des ennuis avec elle ?
- Elle était particulière. Je pense qu'elle a fait un double et qu'elle a profité de notre absence pour entrer et nous voler et tout saccager.
- Rentrer ? Mais...
- Ne vous inquiétez pas, nous allons aussi changer votre serrure.
- Merci.


Après quinze minutes de route, nous voici enfin dans la zone industrielle, Monsieur Vatakors m'emmena en premier dans un magasin de meubles, en m'indiquant de choisir une chambre complète et tout se dont j'avais besoin ainsi que de la peinture pour refaire les murs à mon goût. Dans l'aller pour choisir un lit, mon pied se prit dans un tapis, trébuchant sur Monsieur Vatakors, qui finit littéralement sur un des matelas d'exposition et pour couronner le tout, il a fallu que je me retrouve allongé sur lui à mon tour. La journée finie aussi bien qu'elle a commencé...


- Cette fois-ci, c'est vous qui êtes mal à l'aise, Madame Vockwin.


Accompagné d'un clin d'œil me faisant brûler le visage, il m'aide à me relever. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie. 
 

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