Épilogue 1
Athénais
Quelques semaines plus tard ...
Il me fait tellement mal au coeur, le voir allongé sur son canapé toute la journée à se morfondre, je ne sais pas quoi faire pour lui, j’essaie tant bien que mal de le consoler mais je ne suis pas Tana. Je l’ai quitté alors qu’il n’était encore qu’un tout petit garçon et maintenant c’est un homme. Ma mère l’a bien éduqué, je regrette beaucoup de choses dans ma vie, de ne pas avoir été là pour eux, de ne pas avoir été là pour lui dire au revoir quand elle nous a quittés, toute sa vie elle a cru que j’étais morte. Dans son dernier souffle elle a sûrement eu l’espoir de me rejoindre dans le paradis blanc et je n’étais pas là pour lui ouvrir le portail, si je n’avais pas pactisé avec le diable, j’aurais pu l'embrasser, j’aurais pu lui dire à quel point je l’aimais.
Je n’ai jamais pensé que cette histoire aurait pu aller si loin, je m’étais dit qu’un jour je reviendrais d’une manière ou d’une autre, mais pas vingt ans plus tard. J’avais juste besoin d’argent, nous n’étions pas riches, maman ne travaillait plus depuis longtemps et mon fils devait manger, alors quand Sullivan m’a proposé ce job, je n’ai pas vraiment réfléchi et j’ai fait ce qu’il me semblait le mieux pour ma famille. Mais Sidney a fini par comprendre le pot aux roses, elle m’a menacé moi et ma famille si je ne faisais pas exactement ce qu’elle souhaitait. Elle était tellement en colère, elle aurait fait n’importe quoi, alors j’ai fini par accepter sa proposition, mon fils était si petit, il n’aurait jamais pu se défendre… Qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre ?
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Le jour où elle a débarqué chez moi, elle savait exactement ce qu’elle allait faire, c’est tellement facile pour une femme comme elle, tout le monde lui lèche les pieds et l’argent arrange beaucoup de choses. Nous avons orchestré ma mort, quelques amis médecins à elle, la police dans la poche et le tour était joué. Mais je n’avais pas pensé que Chris serait le principal suspect.
Quand nous sommes rentrés de Sulani, les parents de Tana m'ont hébergée gentiment, le temps de régler mes soucis. J’ai loupé tellement de choses, j’ai l’impression d’avoir passé vingt ans sur une autre galaxie, c’est peut dire, passer ses journées dans un bureau à s’occuper de la paperasse de Sidney, c’est un tout autre monde. J’ai toujours espéré secrètement que quelqu’un vienne et se rende compte de tout, mais j’ai fini par perdre espoir jusqu'à ce fameux soir. Je ne remercierai jamais assez Sullivan pour ce qu’il a fait. Sans lui je serais toujours là-bas enfermée dans ce satané bureau à couvrir les pots de vin de cette garce, s'il n’avait pas enregistré ses aveux, Dieu seul sait combien de temps j’y serais encore restée.
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Avec le recul, j’ai bien compris que j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie, que si j’en avais parlé à Sullivan, on aurait pu trouver une solution, j’ai eu l'occasion d’en parler avec lui, il ne m’en veut pas, il est impatient de revoir son ami, on peut dire qu’on a tous fait des erreurs, il s’en est toujours voulu, il va enfin pouvoir déculpabiliser un peu et reconstruire sa vie.
Cette affaire a fait beaucoup parler, on peut se cacher pendant des années derrière des magouilles, pensant que jamais rien ne sera révélé ou que l’argent rend muet, mais quand certaines personnes haut placées se sentent en danger, ils finissent par balancer les gens comme Sidney. Le soir de ma rencontre avec Raphaël, elle n’était pas prête à me laisser partir, mais quand Sullivan lui a fait écouter ses propres mots sur l’enregistrement, elle ne s'y est pas opposée. Ses aveux étaient clairs et ça ne lui a pas semblé louche que Sullivan lui pose autant de questions. Elle m’a laissé partir à condition de ne jamais prononcer son nom, malheureusement pour elle, dès que nous avions quitté le club, nous sommes allés en direction du commissariat. Je ne comprends même pas comment elle n'a pas pu s'en douter, après tout ce qu'elle a fait, c'est un juste retour de bâton. En écoutant l’enregistrement prouvant son crime et en mettant en danger plusieurs haut gradés, ils n’ont pas pu fermer les yeux cette fois et sont directement aller la repêcher. Je suis soulagée. Même si tout n’est pas terminé, mon dossier a été vu et revu, d’après Susy, je ne risque rien. Je ne suis qu’une victime parmi tant d’autres.
J’ai rendez-vous avec le juge aujourd’hui, si tout se passe bien, ils m’accorderont un droit de visite au parloir. Je n’ai aucune idée de comment Chris va réagir, il me pense morte depuis si longtemps. Sidney ne s’est pas gênée pour m’apprendre, après coup, le but ultime de cette machination, elle m’avait dit qu’elle voulait le faire souffrir, je ne pensais pas qu’elle irait le faire accuser de ma fausse mort. Apprendre qu’il allait passer le reste de sa vie derrière les barreaux a été pour moi la chose la plus difficile à accepter. Mon amour pour lui ne s'est jamais éteint. Chaque jours de ma misérable vie, mes pensées étaient pour lui, rêvant d’un avenir plus radieux. Je ne sais pas s'il comprendra mon choix, c’est aujourd’hui que tout va se jouer.
Je finis de me préparer et sors de la salle de bain, je suis venue m’installer chez Raphaël, je n’étais pas vraiment à l’aise après le retour de Tana chez ses parents. Je n’ai pas vraiment eu envie de m'immiscer dans sa vie, alors j’essaie juste de l’épauler dans cette épreuve. Son regard est vide, il tenait à cette jeune fille comme à la prunelle de ces yeux. À chaque bruits, il espère la voir passer le pas de la porte… En vain…
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- Mon chéri.
- Oui maman ?
- Ça va ?
- Et toi pas trop stressée ?
- Tu ne réponds pas à ma question.
- Ça ira mieux quand elle rentrera.
- Tu sais mon chéri…
- Oui je sais maman…
- Est-ce que tu m’accompagnes toujours ?
- Bien sûr ! Sullivan nous attend là-bas aussi.
- Super !
...
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Le juge a été clément, toutes les charges retenues contre moi sont annulées, je me tiens actuellement devant la prison où se trouve Chris, il n’est au courant de rien. J’ai le coeur prêt à exploser. Raphaël et Sullivan m’attendent dans la voiture alors que le gardien me fait rentrer. Je jette un dernier coup d’oeil en arrière, voir mon fils me faire des grands pouces levés me donne du courage, je passe les portes. Il fait sombre, les cris percutent les murs tels des ballons lancés à vitesse folle, ricochant violemment sur les parois en béton des pièces, mon estomac est noué et une boule se forme dans ma gorge. Chris a dû vivre des choses affreuses ici, ma culpabilité me ronge, que va-t-il dire en me voyant ? L’homme me fait signe d’entrer dans la pièce, il n’y a personne, il est seul, assis, se demandant sûrement pourquoi il est ici. Je m’approche doucement de lui avant de réussir à bégayer.
- Bonjour Chris !
Je m’assieds sur la place en face, plongeant mon regard dans le sien, son visage est blessé, les cicatrices qu’il porte laissent penser que la vie ici n’est pas aussi belle que celle que j’ai eu à Sulani. J’ai rêvé de ce moment tellement souvent.
- Mais c’est impossible.
- Pardonne-moi Chris.
- Comment ? Je t’ai vu inerte Athé. Tu ne respirais plus j’en suis certain !
- J’ai tellement de choses à te raconter Chris.
- Je… Je…
- Il va te falloir un peu de temps surtout. J’espère que tu m’en accorderas assez pour tout t’expliquer quand tu sortiras.
- Quand je sortirai ?
- Je suis vivante Chris. Sidney va être jugée pour ce qu’elle a fait. Chris… Tu sors demain !
Il ne me lâche pas des yeux, comme s'il voulait être sur et certain de ce qui se passe, sa main vient se poser sur la mienne…
- Demain ?
- Demain Chris…
