Chapitre 28
Tana
Roselya
Vendredi 16 Novembre (suite)
T.
Dès notre arrivée, Benjamin nous a accompagnées dans la salle de change, nous a donné deux tenues. Enfin, j’appelle plutôt ça des morceaux de tissus. Étonnamment, Roselya n’a pas l’air gêné, elle s’amuse presque de la situation. Elle se dandine devant le miroir essayant de replacer son body qui lui rentre dans les fesses.
- Je crois que c’est fait exprès… Texas.
- Sérieux ? Mais qui porte ce genre de choses, c’est très inconfortable !
- C’est très joli. Tu es sûre de toi ?
- Oui. Sinon je ne serais jamais venue là !
- Tu es prête ? Tu te souviens de son visage ?
- Comment ne pas l’oublier !
Nous sortons de la salle tant bien que mal, les filles ici n’ont pas l’air d’apprécier les petites nouvelles, on se fait pousser dans tous les sens. Sans même une excuse. Benjamin nous voit sortir et à en voir son regard, il dévorerait Texas sans hésiter. Moi qui pensais ma soeur un peu prude, je me suis trompée.
- Vous êtes sublimes les filles.
- Merci Benjy !
Benjy ? Je préfère ne pas répondre, il nous accompagne vers la salle, beaucoup de monde s’y trouve, la musique est forte et le spectacle a déjà commencé. J’espère ne pas devoir monter sur scène, je suis nulle en danse.
- Je n’avais pas remarqué, mais Lydia, tu as fait une couleur ?
- Euuuuh, oui exacte, on s'est dit que comme vous cherchiez des jumelles le mieux était d’être identique en tout point.
- Je vous aime déjà.
Si tu savais gros imbécile. J’essaie de trouver Raphaël du regard, il n’est peut-être pas encore rentré, faut dire il y avait une queue à n’en plus finir.
- Il y a du monde tous les soirs ?
- Pas autant d’habitude. Ce soir c’est la soirée spécial automne, même si ici les saisons sont différentes d’ailleurs.
- Sympa.
- Personne ne loupe les grosses soirées comme celle-là !
Roselya me regarde avec un sourire en coin, je comprends directement à quoi elle pense, elle sera forcément ici.
- Bon les filles, pour l’instant vous allez servir les clients, puis si vous vous débrouillez bien, je pourrais vous faire passer à l’étage.
- Très bien !
- N’oubliez pas, sourires, charme et les clients sont rois !
L’homme nous dirige vers le bar où nous attendent deux plateaux. Je prends le mien avec assurance et Roselya a un peu plus de mal, si maman ou papa nous voyait, on se ferait tuer. Cette histoire ne doit pas sortir du cercle. Je passe dans les allées, sourire aux lèvres, Roselya quant à elle par à l’opposé, il est hors de question qu’on parte d’ici sans l’avoir trouvé, je n’ai pas envie de revenir dans cet endroit, me pavaner devant des hommes près à manger tout ce qui bouge. Ça me dégoute. Pendant le service, plusieurs hommes se sont permis de me toucher les fesses, si je m’écoutais, je leur filerais une bonne claque.
J’aperçois enfin Raphaël et je reconnais la serveuse, je suis rassurée c’est ma soeur. La conversation n’a pas l’air amicale, il semble énervé, je ne sais pas ce qu’il se passe entre eux, mais je vais devoir mettre ça au clair. Je n’ai aucune envie d’avoir le cul entre deux chaises parce qu'ils s’embrouillent pour je ne sais quelle connerie.
R.
Je suis tombée sur Raphaël, installé sur une banquette, Tana se tient à l’autre bout de la pièce, c’est le seul moment que j’ai avant qu’une autre serveuse, vienne à sa rencontre.
- Bonjour jeune homme !
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Mon travail voyons. Je vous sers une petite coupe ?
- Non merci.
- Prends cette putain de coupe. On est là pour toi je te signale.
Il s’empare de la coupe avec nonchalance, pourquoi il en fait tout un plat ? Ce n’est pourtant pas compliqué de jouer la comédie, c’est ce que j’ai fait toute la journée et je continuerai de le faire pour le bien de ma famille.
- Tu peux partir maintenant !
- Elle ne doit rien savoir !
- Tu es sérieuse Roselya ? Toi qui es si honnête ?
- Pas quand ça risque de faire exploser ma famille.
- Je ne peux pas lui mentir, je n’arrive déjà même plus à la regarder dans les yeux.
- C’est ridicule. On a fait une erreur…
- On ? Tu es rentrée dans ma chambre…
- Et tu n’as même pas fait la différence entre les baisers de ma sœur et les miens.
- Casse-toi.
- Pauvre con.
Oui je n’aurais pas dû rentrer dans sa chambre, mais merde, ça fait plus d’un an qu’il est avec Tana, il ne s'est pas rendu compte que je n’étais pas elle ? Il est aussi fautif que moi dans cette histoire.
- Je te rappelle que si tu lui dis, mon père sera furax et tu vas passer un mauvais quart d’heure !
- Tu me menaces maintenant ?
- Non, c’est un avertissement.
​
Je récupère mon plateau et passe à la table suivante, si Tana l’apprend, papa et maman le seront aussi et ils ne me feront plus confiance. Je refuse de foutre ma famille en l’air parce que Monsieur a des remords. Il faut parfois savoir se taire quand les conséquences seront trop dures à accepter.
Après plusieurs heures à piétiner entre les tables, les pieds en feu, Benjamin vient nous retrouver.
- Les filles chapeaux, vous assurez grave, je suis autorisé à vous faire monter en haut, certaines personnes voudraient vous rencontrer, ils donnent de très bons pourboires ça vous va ?
- Go alors !
Tana n’est pas rassurée, moi non plus d’ailleurs. Je n’aime pas ça du tout. Elle jette un coup d’œil en direction de Raphaël avant de monter les marches pour rejoindre l’étage, je lui emboite le pas.